
Entretien/ Diabaté Bassiriki (sélectionneur des Éléphanteaux) : « La frustration de la défaite a un goût amer et inachevé, mais... »
Vous tombez en demi-finale avec vos poulains contre le pays organisateur, le Maroc. Est-ce vous avez des regrets ?
Déjà, bravo aux 22 acteurs, nous avons deux très belles équipes, un match digne d'une finale et tout en gardant l'esprit fairplay. Il n'y a pas eu de vilain geste. La rencontre s'est jouée dans un cadre assez convivial, sérieux, malgré l'enjeu et les différents acteurs sont à féliciter car ils ont produit un beau spectacle et c'est ce que nous voulons voir sur un terrain de football.
L’équipe de Côte d’Ivoire est joueuse comme celle du Maroc. Avez-vous prévu un tel scénario ?
Non, forcément, hier (mardi 14 avril. Ndlr) nous étions à la conférence de presse d’avant-match nous avons promis un spectacle du jeu, surtout du jeu, les garçons étaient à la hauteur, nous savons que cette compétition les a beaucoup fait progresser et je pense que ce spectacle confirme ce que nous pensons d'eux, ce n'est pas un effet de surprise, Nous nous attendons à cela.
Qu’est -ce que vous avez dit à vos poulains à la mi-temps quand les deux équipes étaient crispées ?
Merci ! Ce que nous leur avons dit, c'est simplement de se libérer, de ne pas regarder l’enjeu, d'être heureux, de faire ce qu'ils savent faire, c'est-à-dire jouer au foot et que naturellement, si un résultat doit venir, cela viendra par le jeu et que par le jeu, il fallait qu'ils s'enlèvent cette pression. Ce sont des jeunes qui ont beaucoup d'émotions, il fallait justement qu'ils se séparent des émotions pour pouvoir être eux-mêmes et pour dire ce qu'ils savent faire le mieux, ce que nous leur avons dit à la pause, d'être un peu plus libérés et je pense que c'est la seconde période, ils l'ont fait et ils l'ont compris.
Qu’est-ce que vous comptez faire pour remobiliser votre équipe avant le match pour la troisième place face au Burkina ?
Nous allons rester nous-mêmes, obliger les gens à venir au terrain par nos prestations et par notre comportement et cela est très important pour nous. L’image que la Côte d'Ivoire dégage aujourd'hui est justement cette convivialité qui donne envie de nous fréquenter et je pense que nous n'allons rien changer. Nous allons jouer le prochain match comme celui face au Maroc et il n'y aura pas de calcul. C’est justement permettre aux garçons de s'exprimer et je pense que c'est un match de plus pour montrer leur qualité.
A votre avis, quel est la principale cause de cette élimination ?
Vous savez que les tirs au but, il y a beaucoup de paramètres qui rentrent en ligne de compte. N’oublions pas que nous avons des moins de 17 ans, tout le stress, si vous avez remarqué, le premier tireur chez nous est allé en larmes. C’est beaucoup d'émotions, des facteurs que nous ne maîtrisons pas, il y a des facteurs contrôlables au football. Mais également des facteurs non contrôlables et quand nous arrivons dans les épreuves de tirs au but, vous avez beau préparer cette échéance mais le moment pendant la séance nous ne pouvons pas prévoir émotionnellement ce qui va se passer et je pense que c'est jouer sur la gestion des émotions et ce n'est pas facile pour des jeunes de jouer devant 12 000 personnes qui n'étaient pas avec nous et qui étaient un peu hostiles. Tout cela était nouveau pour eux.
Comment expliquez-vous à des adolescents, à des garçons qui ont moins de 17 ans qu'une demi- finale perdue aujourd'hui peut être une victoire pour l'avenir ?
Justement, vous savez, la frustration de la défaite, le goût amer et inachevé de n'avoir pas terminé son parcours sont des éléments qui naturellement les améliorent eux-mêmes à grandir. Il faut les laisser découvrir, comme on le dit chez nous en Côte d’Ivoire “ conseil ne conseille pas mais c'est conséquence qui conseille ”. Ils vont apprendre énormément de ce match pour les échéances à venir.
Votre premier objectif qui était la qualification à la Coupe du monde au Qatar a été atteint. Qu’est-ce-que vous pouvez nous dire de ces Eléphanteaux ?
Cette compétition a permis aux garçons d'élever leur niveau de compétitivité. Vous savez que jouer des matchs internationaux n'est pas facile. Il y a beaucoup de paramètres qui rentrent en compte et cela a été une aubaine de jouer 5 ou 6 matchs. La vie de groupe, la cohésion du groupe, le temps passé ensemble, plus d'un mois ensemble fait grandir le groupe. Je pense que la défaite d'aujourd'hui et les difficultés rencontrées au cours de cette compétition rendront meilleure cette équipe au mondial. Ce sera une bonne chose pour une bonne représentativité de l'Afrique pendant ce mondial au Qatar.
Propos retranscrits par Noah Djédjé
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