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Défaite du Sénégal à la CAN U17 : Augustin Senghor crache ses quatre vérités à la CAF

Le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Me Augustin Senghor, est sorti de sa réserve. Battu dans la course à un siège au Conseil de la FIFA lors du scrutin du 12 mars 2025, avec seulement 13 voix sur 53, l’ancien 1er vice-président de la CAF a décidé de briser le silence. Et c’est sur le plateau de la chaîne 2STV qu’il a choisi de livrer ses vérités.

Pour lui, cette défaite n’est pas simplement une affaire de vote. Elle révèle, selon ses propos, une domination bien orchestrée d’un axe influent dans les coulisses du football africain : le trioMaroc–Égypte–Mauritanie. En figure de proue,Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), que Senghor désigne comme le véritable maître du jeu.

« Ce n’est pas le dirigeant qui est fort, c’est le Maroc qui a su imposer une position incontournable à la CAF »,lance-t-il sans détour.
Le patron du football sénégalais accuse la Confédération africaine de football d’avoir facilité cette mainmise marocaine, quitte à sacrifier l’équilibre régional au sein du continent.

« La CAF a jeté toutes les fédérations africaines dans les bras du Maroc. Accepter cela, ce n’est pas s’y soumettre. En tout cas, moi, je refuse de le faire »,martèle-t-il.
Un système verrouillé ?

Au-delà de la défaite politique, Augustin Senghor tire la sonnette d’alarme sur une gouvernance qu’il juge biaisée et peu représentative. Il déplore une absence de diversité au sein des instances de la CAF, désormais dominées par une minorité.

« Il n’y a plus de diversité. Peut-on encore parler de démocratie ? Il est inacceptable que 10 % du continent représentent 90 % de l’Afrique à la FIFA »,fustige-t-il.
Dans sa ligne de mire,le mode de désignation des dirigeants, mais aussi les arrangements politiques internes. Il révèle avoir interpellé le président de la CAF, Patrice Motsepe, sur ce qu’il considère comme une dérive :

« Je lui ai demandé si les équilibres observés aujourd’hui reflétaient vraiment les idéaux de nos ancêtres, de Mandela et des pères fondateurs du panafricanisme. »
Une éthique sportive bafouée ?

Autre sujet de crispation : les matchs jouésà domicilepar le Maroc contre des équipes supposément hôtes, faute d'infrastructures dans leurs pays. Augustin Senghor y voit une pratique problématique.

« Voir le Niger accueillir le Maroc... au Maroc, ça me pose problème. Et quand c’est ce même Maroc qui prend en charge son adversaire, c’est une entorse à l’éthique sportive »,s’indigne-t-il.

Un appel aux chefs d’État

Enfin, Augustin Senghor appelle à une prise de conscience à un niveau plus élevé, au-delà du football. Pour lui, cette situation est symptomatique d’un enjeu plus large : la souveraineté du continent.

« Nos chefs d’État doivent s’impliquer. On ne peut pas vouloir réduire l’influence occidentale en Afrique et rester silencieux face à ces pratiques. »
Par cette sortie médiatique inhabituelle, le président de la FSF brise l’omerta qui entoure souvent les affaires de la CAF. Une prise de position rare, qui pourrait marquer un tournant ou, au contraire, isoler davantage l’un des derniers défenseurs d’un certain équilibre dans le football africain.

Noah Djédjé

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