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Chronique : 1992, dans la tête d’un gardien Alain gouamene revient sur la première CAN de la Côte d’Ivoire

Il y a des victoires qui se dessinent dans la lumière. D’autres naissent dans la poussière, le doute, l’imprévu. Celle de 1992 appartient à la seconde catégorie.

Alain Gouaméné s’en souvient. Tout commence loin des terrains de légende. Entre Abidjan et le Portugal, les Éléphants bricolent une préparation tant bien que mal. On s’entraîne sur la pelouse d’un hôtel. On court sur le sable. L’intendance est bancale, les repères flous.

Et puis il y a Martial Yéo. Le sélectionneur. En sursis. Des rumeurs enflent, un changement d’entraîneur se profile. Mais les joueurs décident : on ne lâche pas celui avec qui tout a commencé. Le vestiaire fait bloc. Et le destin, sans le savoir, vient de basculer.

À Ziguinchor, le ton monte. L’accueil est glacial, l’ambiance pesante. Les Ivoiriens sont regardés de travers, moqués pour leur franc-parler. La réponse est cinglante : 3-0 face à l’Algérie, championne en titre. L’avertissement est lancé.

Puis vient la Zambie. Un match rude, sans gloire. Prolongation. Stade vide. Mais quelque chose change : dans le silence, les têtes se lèvent. Les joueurs se regardent et se disent : on va aller jusqu’au bout. On va gagner cette CAN.

Le Cameroun, ensuite. La tension est à son comble. Dans les couloirs, les Lions Indomptables chantent à tue-tête. Les Ivoiriens serrent les dents. Le Cameroun obtient un penalty. Gouaméné plonge du bon côté. La séance de tirs au but arrive. Il repousse Makanaky. Puis Omam Biyik. Puis Joseph-Antoine Bell, son idole. Il est en feu. Mais à l’intérieur, il souffre : dos fragile, lombaires en vrac, 60 % de ses moyens au mieux.

La finale contre le Ghana, c’est autre chose. Une guerre d’usure. Une chaleur accablante. Pas une vraie occasion. La peur domine, chez tous. Les tirs au but s’éternisent. Tiehi a une balle de match… qu’il manque. Tout le monde retient son souffle. Jusqu’à ce qu’enfin, Gouaméné transforme le sien. Puis détourne le tir d’Anthony Baffoe. Aka entre dans l’histoire. Le pays explose.

Trois jours fériés. Une nation en liesse. Et un homme qui, malgré la douleur, vient d’entrer dans la légende.

Alain Gouaméné ne soulève pas seulement un trophée. Il ouvre un chapitre. Celui d’un peuple qui croit, enfin, que tout est possible.

Mondesire Fidèle

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